Historine continue son étude de la bataille antique de Pydna. Pydna (en grec ancien Πύδνα /
Púdna) est une ville grecque de
Macédoine antique, la plus importante de Piérie. C'est à Pydna que se joue le sort du royaume Antigonide de
Macédoine : le 22 juin 168 av. J.-C., le dernier roi, Persée y est défait
par le général romain Paul Émile (Lucius Aemilius Paullus). Les précédents articles sur Pydna sont
ici.
La bataille :
Chaque général avait disposé son armée en plaçant au centre
l'infanterie lourde (phalange et légions), protégée sur les deux ailes par
l'infanterie légère et un corps de cavalerie. Dans le cas macédonien, l'aile
droite était, conformément à la tradition, la plus forte : Persée y avait
pris le commandement de l'escadron royal et c'est de côté aussi qu'était postée
la cavalerie thrace.
Les deux armées sortirent alors de leur camp respectif, l'armée
macédonienne étant la plus prompte à se déployer. Aussitôt en position, la
phalange chargea les lignes romaines encore non formées.
Les deux centres des armées entrèrent en contact vers 15 heures, et le
choc initial ne put être contenu par les Romains, particulièrement sur leur
aile droite, où leurs alliés Pélignins et Marrucins refluèrent.
Mais le succès même de cette charge initiale de la phalange causa sa
perte, car progressant sur les pentes du coteau auquel était adossée la ligne
romaine, elle fut désorganisée par les accidents de terrain.
Voyant l'avantage
qu'il avait à en tirer, Paul-Émile ordonna aux légions de ne pas combattre en
ligne, mais en manipules, et de charger dans les brèches ouvertes dans le front
de la phalange par sa progression inégale. Une fois qu'ils réussissaient ainsi
à contourner le hérisson des sarisses, les légionnaires étaient des fantassins
beaucoup plus efficaces au corps à corps que les phalangistes, car mieux armés
(avec une épée et un bouclier plus grands) et mieux entraînés au combat à
l'épée.
Alors que le centre de la phalange était ainsi éprouvé par les effets
combinés de la désorganisation due au terrain et de la contre-attaque romaine,
Paul-Émile ordonna à ses éléphants d'entrer en action sur l'aile droite en
appui d'une attaque de cavalerie contre l'aile gauche macédonienne :
celle-ci fut mise en déroute, les chevaux macédoniens paniquant face aux
éléphants, tandis que les tactiques prévues contre les éléphants échouaient, et
l'aile gauche de la phalange se trouva ainsi prise à revers.
Les 3 000
soldats d'élite de l'agêma résistèrent jusqu'au dernier homme et furent
massacrés, pendant que la cavalerie macédonienne fuyait vers l'aile droite
derrière eux. L'encerclement de l'armée macédonienne fut bientôt complet,
tandis que Persée parvenait à s'enfuir avec presque toute la cavalerie vers
Pydna.
À la tombée de la nuit, les morts macédoniens se comptaient au nombre
de 20 à 25 000 : les phalangistes qui avaient réussi à rompre
l'encerclement vers la côte furent massacrés sur les plages par l'infanterie de
la flotte romaine. Les jours suivants, les Romains rassemblèrent 5 000
fuyards macédoniens puis 6 000 autres à Pydna, qu'ils vendirent comme
esclaves, partie intégrante du butin de l'armée. L'infanterie lourde
macédonienne venait d'être littéralement annihilée.
Cette victoire rapide et
sanglante incite le Sénat romain à imposer au monde grec un règlement
sévère du conflit : la Macédoine est démembrée en quatre régions, et sa
monarchie abolie. Pour l'historien grec Polybe, qui est emmené en otage à
Rome en — 167, la date de cette bataille marque l'établissement de
l'Empire romain sur le monde, c'est-à-dire, pour lui, le monde grec
.