Historine poursuit son étude de la bataille du Muret.
Bonne lecture.
La bataille de Muret - 12 septembre 1213 :
Les deux évêques d'Orléans et d'Auxerre, moins confiants que Simon de Montfort en la victoire, tentent d'entrer en pourparlers avec Pierre d'Aragon pour le convaincre de cesser de soutenir les barons occitans. Ce que voyant, le roi d'Aragon, croyant déceler dans cette démarche une faiblesse de Montfort, renonce à son premier plan consistant à attendre l'affaiblissement des assiégés dans Muret et décide de livrer bataille le lendemain, malgré la mollesse du comte de Toulouse, toujours prompt à temporiser. De son côté, Simon, voyant que les vivres ne lui permettent de tenir que quelques jours, décide également de livrer bataille le lendemain.
Au matin, il sort de la ville avec tous ses chevaliers qui se regroupent dans la plaine à proximité de la Porte de Salles. Il répartit ses troupes sur trois lignes, une commandée par Guillaume des Barres, la seconde par Bouchard de Marly et la troisième par Simon de Montfort. Les trois bannières suivent la Louge vers le sud, évitant les milices toulousaines qui, à défaut de les intercepter, auraient pu sonner l'alarme. Cette manœuvre donne au contraire l'impression d'une fuite. Traversant la rivière plus loin, ils reviennent directement sur le camp des Occitans où la chevalerie adverse prend position, mais dans un grand désordre.
Bouchard de Marly
En première ligne, face à la cavalerie des croisés, combattent les comtes de Foix et de Comminges ; en deuxième ligne, les troupes d'Aragon ; en troisième ligne, au milieu des archers et des hommes à pied, le comte Raimond VI de Toulouse, qui désapprouve la tactique par trop téméraire du roi d'Aragon.
La bannière de Guillaume des Barres se rue sur celle du comte de Foix, qu'elle enfonce sans peine et qui reflue sur la ligne de Pierre d'Aragon. C'est alors que la charge de Bouchard de Marly arrive sur le lieu et continue de désorganiser les deux bannières adverses.
La mêlée est indescriptible, et le vacarme assourdissant. Très rapidement deux chevaliers, Alain de Roucy et Florent de Ville, décident de viser la tête de la coalition et tuent d'abord un héraut d'arme, qu'ils ont pris pour le roi. Ce dernier se fait connaître pour démentir les cris annonçant sa mort, mais est tué peu de temps après. Pendant ce temps, Simon de Monfort et ses hommes effectuent un mouvement tournant pour attaquer l'ennemi sur son flanc droit.
Raimond VI, qui commande la troisième ligne occitane, prend alors la fuite vers Toulouse, sans combattre. Les survivants des deux premières lignes fuient alors en direction de la Garonne. Mais les milices toulousaines, qui ne participaient pas à la bataille, avaient commencé le bombardement de la ville et du château, et la défaite de la chevalerie arago-toulousaine ne les faisait pas renoncer.
Raymond VI de Toulouse
L'arrivée des chevaliers victorieux, poursuivant les survivants aragonais, sème alors la désorganisation dans leur camp et les fait fuir vers la Garonne. C'est alors une débandade, les fantassins périssant sous les coups des croisés ou noyés avec leur lourdes tuniques. Entre 10 et 20 000 hommes auraient laissé la vie lors de cette opération.
Bernard de Comminges
Conséquences
Le fils de Pierre II, Jacques, âgé de six ans, est fait prisonnier. Mais le pape demande à Simon de rendre Jacques d'Aragon à son royaume et impose une trêve, empêchant Simon d'exploiter immédiatement son avantage. Simon de Monfort met Jacques sous la garde de Pierre Nolasque puis les envoie tous deux en Catalogne. Cette défaite et la mort de Pierre II met fin aux velléités d'intervention de la couronne catalano-aragonaise contre la croisade. Les comtes de Foix et de Comminges repartent sur leurs terres. Le comte de Toulouse part pour l'Angleterre rencontrer Jean Sans Terre et laisse aux consuls de Toulouse le soin de négocier avec les chefs de la croisade. Simon de Montfort pris Toulouse. Après avoir fait démolir les remparts de la ville, il installa sa garnison dans le château Narbonnais (détruit en 1549).
Profitant de l'absence de Simon de Montfort en 1217 et avec le retour victorieux de Raimond VI, ancien comte de Toulouse, la ville voulut résister. Toute la population participa à la reconstruction des fortifications afin de faire barrage à Simon de Montfort, ce dernier trouva la mort à la porte Montgaillard en 1218.
Effectifs des croisés:
Simon IV de Montfort
Bouchard de Marly
Guillaume des Barres
Cavalerie : environ 900 chevaliers et sergents répartis en 3 batailles de 300 hommes chacune.
- 1ère bataille (avant-garde) : Guillaume de Contres et Guillaume des Barres.
- 2ème bataille: Bouchard de Marly
- 3ème bataille (réserve) menée par Simon de Montfort
Infanterie: environ 700 arbalétriers et lanciers défendant le château et protégeant l'accès pour la cavalerie.
Effectifs des Aragonais et des Occitans:
Pierre le Catholique (†)
Raymond VI de Toulouse
Raymond-Roger de Foix
Bernard de Comminges
Cavalerie: environ 2.200 chevaliers et sergents.
- 1er groupe: environ 200 Aragonais plus 400 hommes sous le Comte de Foix.
- 2ème groupe: environ 700 Aragonais menés par le Roi d'Aragon.
- 3ème groupe: environ 900 hommes menés par les Comtes de Toulouse et de Comminges. Ils n'étaient probablement pas prêts (non à cheval?).
Infanterie: moins de 20.000 hommes. Certains attaquèrent le château, d'autres restèrent dans le camp ou suivirent la cavalerie.